Interview : Michel Monfort et ses multiples casquettes citoyennes
En Bretagne, le mouvement de l’énergie citoyenne est essentiellement porté par des bénévoles qui s’engagent pour une production locale et durable. Découvrez ces citoyen·nes qui mettent leur temps au service de la transition énergétique ! Depuis plus de 10 ans, Michel Monfort s’engage quotidiennement pour développer l’énergie citoyenne en Bretagne, particulièrement dans les Côtes d’Armor, via l’association Trégor Énerg’éthiques, la société citoyenne Kerwatt et la coopérative Enercoop.
Taranis : Quel parcours t’a mené au mouvement breton de l’énergie citoyenne ?
Michel Monfort : Technicien de formation, j’ai toujours cumulé de multiples casquettes en tant que bénévole dans différentes associations sportives. Cet engagement est essentiel et je l’ai bien-sûr poursuivi une fois à la retraite.
L’amélioration de l’habitat, de ses performances et de son impact environnemental ont toujours été au cœur de mes préoccupations. Je m’étais d’abord intéressé aux techniques d’isolation, volet sur lequel Olivier Sidler de NegaWatt m’avait d’ailleurs apporté son expertise lors d’une formation dédiée. Je suis devenu membre d’Enercoop, et j’ai découvert à cette occasion le réseau Taranis.
Après la rénovation thermique et patrimoniale d’une maison, j’ai intégré le conseil de développement de mon territoire, où j’ai rencontré Jean Rouxel qui est aujourd’hui également membre de Kerwatt. Si nos ambitions au sein de ce conseil inter-communal n’ont pas réussi à passer le stade du projet, nous avons tous les deux été accompagnés en parallèle par le réseau Taranis pour créer en 2019 notre association citoyenne locale, Trégor Énerg’éthiques. Très rapidement, nous avons choisi de nous associer à 3 structures citoyennes aux statuts de coopérative (Dol Watt, Étoile Solaire et E-Kêr) pour créer Kerwatt, société régionale mutualisée et citoyenne.
Quel est ton rôle au sein de Trégor Énerg’éthiques et Kerwatt ?
Trégor Énerg’éthiques est une association de 70 membres, suivie par plus de 350 personnes. Si la structure est maintenant bien stabilisée, son lancement n’a pas été simple : contour de l’engagement à définir, vulgarisation de sujets complexes comme le photovoltaïque, peu de parité femmes/hommes, etc. À la suite de la fiscalisation de l’association, Jean Rouxel et moi-même ne sommes plus dans le bureau. Ses statuts ont été modifiés pour se concentrer sur la sobriété et l’efficacité énergétique, ainsi que sur la sensibilisation (citoyen·nes, collectivités, entreprises).
En tant que membre du comité de gestion de Kerwatt, j’ai plusieurs rôles très différents : expert technique, chargé de l’actionnariat ou encore coordinateur de la communication. Depuis peu, je dédie également une partie de mon engagement à l’aspect prospective, notamment sur le sujet de l’autoconsommation individuelle et collective d’énergie renouvelable.
« J’aimerais orienter les projets menés vers plus d’ambition, en termes de taille mais également d’engagement citoyen. »
Les statuts de Kerwatt prévoient l’intégration de nouveaux collectifs, qui permettront d’élargir encore davantage notre structure. Ces nouveaux membres devront être accompagnés et formés pour permettre leur montée en compétences. Nous attendons en retour un engagement des bénévoles dans nos commissions et comités de gestion.
Que t’apporte ton engagement ?
La principale composante est sans aucun doute la dimension humaine ! Ce bénévolat me permet de rencontrer des personnes issues d’horizon très différents et venant de l’ensemble du territoire breton, voire des Pays de Loire. Les valeurs que nous partageons permettent des échanges vraiment enrichissants.
« J’ai la conviction que cette dimension de partage et de co-construction inhérente aux projets citoyens est essentielle, dans une société qui doit nécessairement évoluer pour répondre aux enjeux de la transition. »
Quelle réalisation te rend particulièrement fier ?
Je garde un très bon souvenir de la collaboration entre Tinatur et Kerwatt. C’est par l’intermédiaire d’Enercoop que le gérant de cette entreprise spécialisée dans la vente de matériaux bio-sourcés a sollicité notre structure. S’il hésitait encore entre végétalisation et énergie renouvelable pour son nouveau bâtiment, notre accompagnement lui a permis de se positionner sur l’installation d’une centrale photovoltaïque.
Nous avons travaillé conjointement avec le cabinet d’architecture du futur bâtiment, intégré les pré-requis à l’installation de la centrale, prévu les raccordements internes et externes, tout ceci en un temps record ! Le bilan de cette installation est conforme à nos attentes, sur un territoire qui de plus n’est le nôtre.