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MAPEGO Taranis

MAPEGO : les premiers résultats du programme de recherche

15 octobre 2024

Le réseau Taranis collabore depuis 2 ans avec une équipe universitaire dont les travaux s’orientent vers les projets d’énergie citoyenne et essaimage territorial. L’équipe du projet fait le point sur ses premiers résultats.

 

Les objectifs de MAPEGO

Le programme de recherche MAPEGO analyse les processus d’émergence et d’essaimage des énergies citoyennes en Bretagne et dans le Pays de la Loire, régions qui concentrent 45 % de la puissance d’énergie citoyenne en France. L’enjeu est de comprendre les conditions d’un passage à l’échelle des énergies citoyennes, les diverses stratégies et outils mobilisés ainsi que les facteurs de réussite et d‘échec d’une reprise en main citoyenne et territoriale de la production énergétique.

Cette recherche mobilise une équipe d’enseignants-chercheurs spécialisés en géographie et en aménagement du territoire (Université Rennes 2, Le Mans Université, EM Normandie). Les réseaux Taranis et RECIT sont partenaires de ce projet.

 

8 premiers résultats du projet MAPEGO

Un modèle polycentrique

Réalisées annuellement depuis 2003, des cartes des dynamiques d’s énergies citoyennes dans le Grand Ouest permettent de visualiser les dynamiques d’essaimage et d’identifier les polarités à partir desquelles elles se déploient. L’existence de foyers bien distincts atteste d’une organisation polycentrique du mouvement citoyen pour les énergies renouvelables.

 

Un essaimage dans la continuité ou en sauts de puce

La cartographie diachronique montre le déploiement des initiatives d’énergie citoyenne en continuité du foyer initial, ou en saut de puce. Il faut dès lors établir les liens (ou non) entre les nouveaux projets repérés et les premiers lieux d’émergence (en grappes pour le photovoltaïque notamment).

 

Plusieurs modèles d’énergie citoyenne

  • Modèle A | Transition citoyenne
    C’est le modèle impulsé par Éoliennes Citoyennes en Pays de Vilaine (Énergies en Pays de Vilaine), qui s’est déployé sur les deux régions grâce aux réseaux RECIT et Taranis.
  • Modèle B | Entrepreneurial
    Il se déploie rapidement dans un territoire d’appartenance circonscrit, à l’image des Mauges, dont le projet est porté par des agriculteurs ou énergiculteurs.
  • Modèle C | Municipaliste
    Il s’agit d’une démarche collaborative. À Lorient, le projet associe par exemple une municipalité précocement engagée dans l’autoconsommation énergétique et l’association Bretagne Énergies Citoyennes, qui porte avec la ville un ensemble de projets photovoltaïques.
  • Modèle D | Modèle national Centrale Villageoise

 

Des outils pour lever les freins existants

  • Mobiliser autour de l’épargne citoyenne
    Cigales, clubs d’investissement dans les énergies renouvelables, co-fondation d’Énergie Partagée
  • Mutualiser les compétences
    Appui de sociétés citoyennes d’énergie solaire : Cowatts, Kerwatt
  • Appuyer les démarches citoyennes
    Bureaux d’étude ou d’accompagnement : Énergies Ouvertes, Atout Vent Conseil
  • Répondre aux besoins spécifiques des marchés publics
    Typologie de projet spécifique aux écoles et aux crèches, exigeant une électricité à haute valeur environnementale
  • Élargir l’action au delà de la transition énergétique
    Création de fonds d’investissement citoyen sur les territoires : SISER, EPV
  • Mettre en place des dispositifs d’appui aux énergies renouvelables citoyennes
    Mobilisation de partenaires régionaux et départementaux, permettant également l’ancrage de leur retombées socio-économiques dans le territoires (bonus citoyen d’Enercoop)

 

Médiatisation des initiatives, entraide et plaidoyer

  • Les projets émergents peuvent bénéficier d’une couverture médiatique locale permettant de diffuser l’initiative sur un territoire.
  • Les actionnaires d’un projet existant se mobilisent parfois à nouveau sur un territoire différent.
  • Des acteurs relais prennent en charge la sensibilisation et l’accompagnement autour d’un projet, grâce à des associations locales : Alisée, Elise, Synergies.
  • La gouvernance est partagée au sein des structure, favorisant la multiplication des forces de plaidoyer et d’influence auprès des aprtenaires public.

 

Engagement : des motivations diverses

Les motivations  diffèrent selon les projets et les foyers de diffusion, sans qu’elles soient exclusives. Pour beaucoup, il s’agit de construire une alternative au nucléaire et à la centralisation énergétique. Pour d’autres, les énergies renouvelables sont avant tout un outil de développement local, selon un modèle de développement économique assez classique ou au contraire selon un modèle d’économie citoyenne, sociale et coopérative.

 

La mise en place d’un écosystème relationnel structuré dans les Pays de Loire

On observe la construction d’un écosystème relationnel autour des énergies citoyennes dans le Grand Ouest. En Pays de la Loire, le Collège des Transitions Sociétales et le programme Transition Énergétique et Sociétale (TES) ont joué un rôle dans la structuration de cet écosystème. Des acteurs de l’administration territoriale ont notamment été formés au sujet. L’enjeu est de former à leur tour les élu·es des territoires d’expérimentation, d’établir un espace d’échanges pérenne et de mettre en réseau et en dialogue des acteurs territoriaux.

En lien avec des programmes de recherche-action et un travail d’accompagnement réflexif, cet espace tiers renforce les liens entre les acteurs, leur détermination et leur connaissance des outils pour conduire un processus de transition démocratique. Un tel espace d’échange n’a pas d’équivalent en Bretagne, où les dynamiques semblent plus segmentées et moins inter-reliées.

Des schémas d’acteurs établis à une échelle plus locale, en Sarthe par exemple, témoignent de la formation d’écosystèmes relationnels territorialisés d’énergie citoyenne.

 

Des synergies positives entre acteurs publics et citoyens

L’irruption d’acteurs plus récents, comme les SDE et leur société d’économie mixte, dans la production d’énergie locale s’accompagne d’un travail amorcé dans certains SDE pour associer les citoyens au développement de nouveaux projets renouvelables.

 

Eléments d’interprétation des résultats MAPEGO

L’approche géographique défendue ici cherche également à placer les initiatives dans leur contexte territorial, qui explique une partie de leurs caractéristiques. La diffusion des initiatives ne signifie pas leur réplicabilité : chaque projet est spécifique et contextuel et nécessite un écosystème relationnel complexe pour éclore.

Les divergences stratégiques en matière d’essaimage sont liées aux différences : relations au territoire de vie, visions politiques de la conduite de la transition énergétique.

 

MAPEGO remercie chaleureusement l’ensemble des personnes lui ayant accordé leur temps, leurs témoignages, leurs réflexions et leurs expériences. Ces éléments sont essentiels pour leur travail.
L’équipe MAPEGO : Cyria Emelianoff (Université Rennes 2, responsable du programme), Guillaume Bailly (Le Mans Université), Lucas Durand (Le Mans Uniersité.), Claire Legrand (RECIT), Fabien Nadou (EM Normandie), Thomas Patenotte (Taranis), Salima Salhi (Le Mans Université), Moïse Tsayem Demaze (Le Mans Université). l’équipe est également accompagnée par des contributions des étudiants du Master Stratégie de Développement et Territoires de l’EM Normandie, et de Rémy Hatton (Université d’Angers, stage de Master au laboratoire ESO, Le Mans Université).