En Bretagne, l’énergie citoyenne s’affirme grâce à des acteurs passionnés qui œuvrent pour un avenir durable. Jean-Pierre Thomas, ancien ingénieur et maintenant président des Centrales Villageoise Rance Émeraude (CVRE), s’engage pleinement dans cette dynamique depuis plusieurs années. Découvrez son parcours et ses initiatives innovantes en faveur des énergies renouvelables à Lancieux et dans ses environs.
Taranis : Quel parcours t’a mené aux énergies citoyennes ?
Jean-Pierre Thomas : Après une carrière d’ingénieur en génie électrique, notamment dans une filiale de France Télécom, je me suis tourné vers le conseil et le coaching pour des petites structures. Pendant le confinement, j’ai ressenti un besoin urgent d’agir face aux défis climatiques. J’ai alors proposé à une cinquantaine de personnes de ma connaissance vivant aux alentours de se réunir autour de projets liés aux énergies renouvelables. Cette initiative a abouti à la création de l’association Émeraude Transition Énergétique, dont l’objectif est de sensibiliser et d’accompagner les citoyen·nes dans leur transition énergétique.
Pourquoi t’investir dans un tel projet ?
J’avais déjà entendu parler d’initiatives citoyennes, à l’image de CoWatt dans les Pays de la Loire. Elles nous ont inspirés pour lancer un projet au sein de notre propre territoire. En juin 2020, à la suite de ma première prise de contact générale, une vingtaine de personnes se sont révélées partantes, et en seulement quelques semaines. Nous avons donc crée l’association Émeraude Transition Énergétique.
En 2021, après avoir découvert le modèles des Centrales Villageoises grâce à nos amis des CV Ouest Cornouaille, nous avons fondé la société coopérative Centrales Villageoises Rance Émeraude pour piloter des projets locaux. Cela nous a permis de collaborer avec des acteurs comme Taranis ou d’autres collectifs citoyens bretons, mais aussi de développer un partenariat avec Dinan Agglomération.
Quel est ton rôle au sein de ces structures ?
Après avoir été Président d’Émeraude Transition Énergétique, j’ai souhaité passer la main pour me consacrer à la société coopérative qui a été créée par la suite. Au sein des Centrales Villageoises Rance Émeraude, j’anime le Conseil de Gestion, composé de bénévoles engagés. Ma préoccupation du moment est de faire en sorte que chacun·e trouve sa place et monte en compétence dans un fonctionnement le plus coopératif possible, offrant à tout le monde la possibilité de s’investir dans des domaines qui les passionnent.
« Je crois fermement que la collaboration est fondamentale, et je suis fier de constater l’enthousiasme et l’engagement de notre équipe autour de nos initiatives. »
Quels sont les projets de CVRE ?
Depuis 2021, nous nous sommes concentrés sur des installations photovoltaïques dans 8 communes, sur le territoire du Parc Naturel Régional Vallée de la Rance-Côte d’Émeraude. Nous avons aujourd’hui 120 actionnaires et un capital de 115 000 €, avec six projets déjà réalisés, pour des installations de 9 à 74 kWc. Une quinzaine de projets sont en cours d’étude et notre notoriété grandit grâce au bouche-à-oreille. Pour gérer nos projets d’auto consommation collective, des partenariats se créent comme celui conclu avec la SCIC Bois Énergie, ce qui ouvre des perspectives d’actions nouvelles…
« Nos perspectives sont d’élargir ces initiatives pour toucher à d’autres domaines et répondre aux besoins croissants en matière d’énergies renouvelables. »
Si tu ne devais conserver qu’un projet, lequel choisirais tu ?
Ils sont tous différents et tout aussi passionnants, mais je pense de suite à celui de La Vicomté-sur-Rance. Le Maire a été le premier à répondre à notre initiative, pour un projet de panneaux solaires de 9 kW. En parallèle, il prévoyait de construire une nouvelle salle de restaurant scolaire pour l’école. Nous avons été intégrés dès le début dans les discussions avec l’architecte pour installer des panneaux photovoltaïques sur un toit en ardoise. Ce fut un excellent exemple de collaboration, car la municipalité a été très volontaire et proactive.
Aujourd’hui, cette installation produit environ 20 000 kWh par an, contribuant ainsi à la transition énergétique de la commune.